Jeunes entrepreneurs : Découvrez comment ils réussissent avant 30 ans !

par adm
Moins de 30 ans et déjà entrepreneurs

Un engagement envers la responsabilité sociétale des entreprises

Une autre préoccupation majeure des jeunes de moins de trente ans est l’impact environnemental et sociétal de leurs actions, observe Pascal Corbel. Dominique Restino, président du groupe Twoo et fondateur du Moovjee, confirme que depuis une dizaine d’années, les jeunes se concentrent sur des thématiques telles que l’impact social, le soin et le partage, et que l’engagement prévaut désormais.

Déjà au lycée, Léna Crolot, âgée aujourd’hui de 22 ans, réalise l’absurdité des longs tickets de caisse donnés pour de petits achats. « J’ai vu une femme recevoir un ticket de 50 cm pour un simple porte-clés. Cela m’a fait réaliser l’urgence de trouver une solution à ce gaspillage », raconte-t-elle. Elle garde cette idée en tête et la partage avec Ruben Raymond Kahloun, 24 ans, lors de leur troisième année à l’Université de New York. « Nous avons commencé à développer le projet malgré les confinements et avons rapidement été rejoints par David El Malih, 26 ans, un ami d’enfance de Ruben, tout juste diplômé de Centrale Supélec. Nous avons intégré plusieurs incubateurs tels que La Ruche et Station F, ce qui a été crucial pour lancer Billiv, notre solution de ticketing entièrement numérique et écologique », témoigne Lena. Billiv, fondée en 2020, réalise une première levée de fonds de 1,3 million d’euros en 2022 avec le soutien du fonds d’investissement à impact Astérion et compte désormais 13 employés. « Nous avons plus de 400 clients en France métropolitaine, à la Réunion, en Guadeloupe et en Suisse », ajoute-t-elle fièrement.

Joseph Choueifaty, 25 ans, s’est orienté vers la finance après avoir constaté que l’épargne française, qui a augmenté pendant la crise sanitaire, était majoritairement mal investie. « De nombreux rapports indiquent que cette épargne est encore trop investie dans les énergies fossiles, ce qui montre que le secteur financier n’a pas encore pris la mesure de l’urgence climatique », explique-t-il. En septembre 2021, il crée Goodvest, une assurance vie gérée par sa fintech du même nom, qui, 18 mois plus tard, a déjà collecté 25 millions d’euros et compte 3 000 clients. « Chaque mois, 400 nouveaux clients nous rejoignent, et nos équipes, qui comptent une vingtaine de collaborateurs, accomplissent un travail remarquable », se félicite le jeune dirigeant.

Réaliser un rêve

Quentin Rozados, 14 ans, déjà développeur, envisage de devenir un entrepreneur en série plus qu’un simple chef de PME. « Ce que j’aime, c’est être à l’initiative du projet. Créer une structure et la mettre en mouvement m’enthousiasme bien plus que la gestion quotidienne, c’est pourquoi je m’assure de ne pas être l’homme clé de l’entreprise », confesse-t-il.

Globalement, les jeunes sont très orientés vers la créativité et moins vers la gestion d’entreprise et la négociation, s’étonne Laurence Tassone, responsable de l’Observatoire de la création d’entreprise chez Bpifrance Création. Si l’argent n’est pas la principale motivation des jeunes de 18 à 30 ans pour devenir chef d’entreprise, il représente néanmoins leur principal défi. « Les jeunes entrepreneurs aspirent avant tout à réaliser un rêve (29%), à relever de nouveaux défis (19%) ou à être leur propre patron (19%). L’augmentation des revenus ou du capital, qui est le deuxième motif le plus courant chez les chefs d’entreprise de tous âges, n’arrive qu’en cinquième position (18%) chez les jeunes, à égalité avec le désir de changer de profession », note Laurence Tassone, se basant sur les données de l’IEF 2021.

Paradoxalement, ajoute-t-elle, « si le désir de revenu n’est plus la motivation principale, l’insécurité financière devient leur plus grande crainte ». Les autres obstacles sont le risque d’échec (très présent dans l’esprit des futurs entrepreneurs avec 28%), mais qui est supplanté par la crainte d’un manque de crédibilité chez les porteurs de projet (19%) et par un excès de responsabilités chez les patrons (16%).

À 20 ans, Jules Simiand-Brocherie minimise les risques. « Je commence à vivre de mon activité », dit celui qui a dû arrêter ses études faute de pouvoir concilier deux rythmes de vie. « La vingtaine est la meilleure période pour entreprendre car la pression financière n’est pas trop importante, nous sommes mentalement plus libres que les trentenaires pour consacrer du temps au projet », affirme-t-il.

En pleine construction, les jeunes sont également plus réceptifs. « J’ai quatre mentors qui m’aident régulièrement, ils me font part de leurs expériences pour chaque situation à laquelle je vais être confronté, ils m’apprennent à m’organiser, je les consulte systématiquement avant de répondre à un problème et enfin, ils m’orientent vers les bons partenaires », ajoute le dirigeant d’ExtraStudent.

De nombreux accompagnements

En France, un écosystème bien établi soutient les jeunes dans leur démarche entrepreneuriale, ce qui explique en partie leur engouement. La bataille pour la sensibilisation à la création d’entreprise semble avoir été remportée. « Nous mobilisons le collectif Cap Créa qui rassemble 26 réseaux d’accompagnement partenaires de Bpifrance. Présents sur tout le territoire avec près de 3 000 implantations, en métropole et outre-mer, ces réseaux ont sensibilisé 476 000 personnes en 2022, dont 190 000 jeunes », rappelle Marie-Adeline Peix, directrice exécutive en charge de Bpifrance Création. Au premier semestre 2022, plus de 37 000 porteurs de projet ont bénéficié de ces actions de sensibilisation, d’accompagnement pré et post-création, de financement, d’accélération ou encore de reprise.

L’objectif de Cap Créa est de doubler d’ici cinq ans le nombre de créations d’entreprises accompagnées pérennes, créatrices de valeur ajoutée, d’impact et d’emploi. Un chantier particulier doit être ouvert dans les Quartiers prioritaires de la politique de la ville car, alors que près d’un cinquième des jeunes est intentionniste en France, leur proportion monte à un quart parmi les jeunes résidant en QPV.

« Mon intérêt pour l’économie circulaire et ma curiosité intellectuelle m’ont encouragé » – Yacine Kabeche, CEO de Circul’Egg

En 2023, Yacine Kabeche, ingénieur diplômé d’AgroParisTech, 28 ans, qui a lancé une activité de valorisation des coquilles d’œufs, envisage de passer à l’échelle industrielle en ouvrant un premier site près de Rennes. Le processus, breveté en 2021, consiste à décontaminer, broyer et séparer la coquille externe de la membrane interne pour produire de la poudre de coquilles riche en carbonate de calcium et de la poudre de membranes (source de protéines contenant plusieurs substances comme le collagène et l’acide hyaluronique). Sa stratégie : « Ouvrir le site de production et commercialiser nos produits auprès des 130 clients qui nous attendent », confie-t-il.

Les débouchés visés sont l’alimentation animale, la cosmétique et la nutraceutique. Chaque année, environ 40 000 tonnes de coquilles d’œuf issues des casseries sont jetées, Circul’Egg y voit une ressource précieuse. Yacine Kabeche veut également contrôler l’impact environnemental de l’activité. « Nous prévoyons d’installer des modules compacts à la sortie des casseries pour implanter le processus au plus près de son gisement et éviter le transport », précise-t-il.

Deux levées de fonds (2 millions d’euros en equity pur, 5 millions d’euros au total) financent les investissements et les recrutements nécessaires. Yacine a-t-il endossé le costume de chef d’entreprise ? « Aujourd’hui, oui, car l’aventure est passionnante, je commence à manager des managers, à déléguer, mais au départ, je ne souhaitais pas forcément entreprendre, j’avais plutôt une casquette de scientifique, puis l’opportunité s’est présentée », répond-il. L’idée est née, suivant une approche un peu naïve, lors d’un week-end start-up auquel Yacine a participé alors qu’il était encore étudiant. L’activité a pris corps plus tard. « Mon intérêt pour l’économie circulaire et ma curiosité intellectuelle m’y ont encouragé ».

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